- INDONÉSIE - Géographie
- INDONÉSIE - GéographieL’Indonésie – en y incluant la Nouvelle-Guinée occidentale (Irian Jaya) – couvre 1 900 000 kilomètres carrés. Elle comptait, en 1991, 179 322 000 habitants. Cet archipel forme un isthme insulaire entre le Sud-Est asiatique et l’Australie; il s’étend d’ouest en est sur 5 000 kilomètres et du nord au sud sur 2 000 kilomètres environ. Les îles sont de plus en plus petites au fur et à mesure que l’on s’éloigne du continent asiatique vers le continent australien: Sumatra a 473 000 kilomètres carrés, Kalimantan (partie indonésienne de Bornéo) 540 000 kilomètres carrés, Java et Madura 132 000 kilomètres carrés, Sulawesi (autrefois Célèbes) 189 000 kilomètres carrés, les Moluques (Maluku) 74 500 kilomètres carrés; les petites îles de la Sonde («Nusa Tenggara»: Lombok, Sumbawa, Florès, Sumba, Timor, Aru...) 67 000 kilomètres carrés. Les terres massives ne réapparaissent qu’avec la Nouvelle-Guinée occidentale (421 000 km2), posée sur la plate-forme d’Arapura. Mais la Nouvelle-Guinée n’est plus, géographiquement, du domaine asiatique; elle marque le début du monde australien. Le trait géographique le plus remarquable est l’extrême inégalité de la répartition de la population: Java a une densité de 814 habitants au kilomètre carré, la Nouvelle-Guinée (Irian Jaya), de 4 habitants au kilomètre carré.L’archipelLes îles indonésiennes sont montagneuses: quatorze volcans javanais, ainsi que sept volcans sumatranais dépassent 3 000 mètres; à Sulawesi, le mont Rantemario atteint 3 440 mètres; Bali, Lombok et Céram ont des sommets supérieurs à 3 000 mètres. Les grandes plaines sont rares: plaine orientale de Sumatra, plaines méridionales de Kalimantan, plaines septentrionales de Java; les autres îles n’ont que des plaines minuscules.La plus grande partie de Kalimantan, Bangka, Billiton, Lingga, Natuna, aux formes massives et aux sommets peu élevés, reposent sur la plate-forme de la Sonde, la plus vaste plate-forme continentale du monde, couverte d’une mince couche d’eau (moins de 55 m en moyenne). Ces îles n’ont plus subi de plissement depuis le Crétacé, et même depuis le Jurassique pour Bangka et Billiton; le relief y est consolidé: ce sont des portions du «pseudo-socle» de la Sonde. Les autres îles, qui se déploient en arcs autour des premières, résultent de très vigoureux plissements tertiaires et sont les sommets apparents de grandioses géanticlinaux sous-marins. Celles qui forment l’arc externe, depuis Simeulue et Nias jusqu’à Timor, Céram et Buru, de même que Sulawesi, les monts Kapuas et Meratu à Kalimantan résultent de plissements oligo-miocènes, très compliqués, le plus souvent, et ne connaissent pas de volcanisme récent, tandis que les îles de l’arc interne de Sumatra aux Moluques ont été plissées plus tardivement (Miocène et Pliocène) et constituent la plus vaste zone volcanique du monde (128 centres d’activité).L’Indonésie s’étend de part et d’autre de l’équateur, et les plus grandes îles, Sumatra, Kalimantan, de même que le nord de Sulawesi (Manado), Amboine et les Moluques ont un climat équatorial, aux pluies constantes toute l’année et très abondantes: tous les mois sont pluvieux avec un maximum en octobre-novembre. Les pluies dépassent 3 mètres dans de nombreuses stations. Les plaines septentrionales de Java, les petites îles de la Sonde ainsi que le sud de Sulawesi (Macassar) ont un climat tropical, peu net dans la plaine de Jakarta, mais très marqué plus à l’est: il pleut de novembre à mai (été austral) pendant que souffle la mousson du nord-ouest, qui est, en fait, l’alizé boréal; les mois de mai à novembre sont secs pendant que souffle la mousson du sud-est, qui est l’alizé austral. Dans ces conditions, la forêt dense sempervirente couvre, ou couvrait avant l’intervention humaine, la majeure partie du pays, cependant que forêts claires et même savanes apparaissent dans les petites îles de la Sonde; la mangrove à Rhizophora et Nipa fruticans et la forêt inondée d’arrière-mangrove (swamp forest et peat forest sur tourbe) s’étendent sur les côtes basses des plaines de Sumatra et de Bornéo. Les «arbres géants» de la forêt dense sumatranaise sont des Diptérocarpacées pour la plupart, mais peu à peu apparaissent vers l’est des espèces australiennes: l’Indonésie a été un pont entre les mondes euro-asiatique et australien. Il en a été de même pour la faune, exceptionnellement riche et intéressante.Les hommes: unité dans la diversitéSi les Papous qui peuplent l’Irian Jaya apparaissent également à Halmahera (Moluques) et à Florès dans les petites îles de la Sonde, la plupart des populations appartiennent au grand groupe ethnolinguistique malayo-polynésien. Leurs langues, cependant, sont très diverses: le dialecte de Nias est ainsi distinct de ceux de Sumatra pourtant toute proche. Il en va de même de leurs coutumes et de leur folklore, de leurs traditions: rien ne l’illustre mieux que l’extraordinaire richesse de types de maisons, en dépit du fait que celles-ci sont, sauf à l’est et au centre de Java, construites sur pilotis. De plus, ces populations sont à des stades d’évolution très divers, ayant subi ou non l’influence indienne et musulmane. Les Proto-Malais n’ont pas été indianisés ni islamisés, ou fort peu; ils ne connaissent pas ou ne connaissent plus l’écriture et ont une civilisation à bien des égards rudimentaire. Les plus remarquables sont les Batak de Sumatra, les Dayak de Kalimantan, les Toraja de Sulawesi; beaucoup ont été convertis au christianisme. Les Deutero-Malais ont été indianisés et, sauf les Balinais, islamisés; mais ils diffèrent par leurs langues et leurs écritures (javanais, sundanais, madurais, achinais, menangkabau, banjdar, bugi, sassak).Certes, on trouve un peu partout des traditions identiques: les jeux d’ombres (wayang ), les danses, qui sont le plus souvent des mimes au son d’un orchestre (gamelan ), le rôle très important de la femme. Le droit coutumier, l’adat , est un peu partout le même, qui règle aussi bien l’ordonnance des repas d’action de grâce (slamettans ) que le régime de la terre dans le cadre du village ou de la famille étendue. La république d’Indonésie a pris comme devise «Unité dans la diversité». L’unité a été difficile à réaliser, la diversité étant aggravée par les distances et l’insularité. Les tendances centrifuges demeurent, mais il existe une langue nationale, le bahasa indonesia . C’est le malais commercial, langue très simple, sorte de pidgin, enrichi de mots hollandais, indiens, arabes et, de plus en plus, anglais. Cette langue, qui avait été le véhicule de l’Islam, avait été systématiquement favorisée par les Hollandais. Elle fut proclamée langue nationale au Congrès du peuple de décembre 1939. Avantage considérable, cette langue est, en outre, romanisée. Telle quelle, c’est un instrument puissant d’unification, d’autant plus qu’elle n’est pas la langue du groupe linguistique le plus nombreux (le groupe javanais) et qu’elle est donc plus facilement admise par les autres groupes.L’organisation administrative aux plus hauts échelons (provinces et régences ou Kabupaten ) s’efforce de concilier autorité centrale et autonomie locale: gouverneurs et bupati sont, à la fois, représentants du pouvoir central et présidents de conseils locaux.Les traits caractéristiques de la vie rurale sont ceux de toute l’Asie du Sud-Est. Le riz est, de très loin, la culture dominante (41 Mt, dont plus de 20 pour Java et Madura). Il est cultivé soit sur brûlis (ladang ) soit, surtout, en rizière (sawah ). Mais Java connaît sur les pentes de ses volcans, outre les rizières étagées en terrasses, des champs labourés (tegalan ) qui portent maïs, arachides, soja, manioc. Sous l’influence de l’islam, l’élevage des porcs est peu important. D’ailleurs le cheptel (bovins et bubalins), inutile aux ladangs, se trouve en concurrence avec les hommes à Java surpeuplé. Cependant, le trait le plus original de l’agriculture est la place qu’y tiennent les plantes commerciales, legs de la longue domination hollandaise (de 1606 à 1940): café, thé, canne à sucre, tabac, hévéa. Ces plantes sont cultivées en petites exploitations paysannes gagnées sur la forêt par brûlis, ainsi l’hévéa dans les plaines de Sumatra et Kalimantan, le café, le tabac et la canne à sucre à Java-Est et Java-Centre; elles sont cultivées aussi en plantations, grandes exploitations employant une main-d’œuvre salariée: la première plantation fut créée dans le nord de Sumatra, à Deli, en 1863; les zones de plantations les plus étendues sont Sumatra-Nord (ex-Oost Kust) et Java-Ouest (régences de Bogor et de Bandung); les plantations hollandaises ont été nationalisées le 31 octobre 1958, les plantations anglaises en 1963 et les plantations américaines en 1965; depuis lors, les plantations américaines et anglaises ont été rendues à leurs anciens propriétaires. Les autres sont des plantations d’État groupées à raison de dix à quinze anciennes plantations en P.T.P.; ces P.T.P. sont des sociétés mixtes: des actionnaires peuvent participer à leur gestion et à leur administration bien qu’elles restent propriété de l’État. Hévéa, eloeis (palmier à huile), thé, cacao sont les principales plantes cultivées.L’Indonésie a d’importantes ressources minières, notamment du pétrole à Sumatra et à Kalimantan-Est (80 Mt), de l’étain à Bangka et à Billitan (2e rang mondial), du nickel à Sulawesi, de la bauxite à Sumatra.L’Indonésie doit résoudre le grave problème du surpeuplement de Java. Elle s’y efforce à la fois par le planning familial et par la «Transmigration» de Java vers Sumatra, Kalimantan et Sulawesi. La «Transmigration » a pris, depuis 1975, une très grande importance. L’industrie s’est considérablement développée.D’ores et déjà, l’Indonésie a un poids considérable en Asie de Sud-Est.
Encyclopédie Universelle. 2012.